L'Agriculture...suite
************** Les Primeurs et légumes divers Dès 1900, l’Algérie devint une grosse exportatrice de primeurs vers la France. En 1960 les principales productions maraichères étaient ainsi classées : - Tomates ; deux saisons (automne, avec la fameuse tomate « PLM », et printemps) : 50.000 tonnes exportées (dont 50.300 d’Alger) pour une valeur d’environ 4 milliards d’anciens francs.
- Pommes de terre : (deux saisons par an : « grenadines » d’hiver et « étoile de Léon » de printemps), 79.000 tonnes en 1959-60 (98.000 tonnes en 1952-53) représentant à raison de 4,40 à 0,45 NF le kilo pris à la propriété, une valeur de 3 milliards et demi de francs anciens.
- Carottes : (48.000 tonnes), valeur ; 1.200 millions.
- Artichauts : (18.650 tonnes, dont 13.900 t d’Oranie ), valeur : 3 milliards environ.
- Haricots verts : (2.350 tonnes dont 2.300 t d’Alger ).
- Courgettes : (800 tonnes dont 700 t d’Alger).
- Pois frais : (plus de 1.800 tonnes dont 1.400 t d’Oranie).
- Aubergines : (875 tonnes uniquement d’Alger).
- Légumes frais divers (navets, fèves fraîches, oignons, poivrons, etc…) : 23.400 tonnes en automne ; 24.000 tonnes au printemps. Total 50 tonnes environ.
-
- Une production spécifiquement algérienne à l’origine (obtenue par sélection), est celle de l’artichaut violet, dit d’Alger. Au total, l’Algérie avait exporté, en 1960 plus de 204.000 tonnes de primeurs et de légumes divers.
La Viticulture.
(source: L'Oeuvre Agricole Française en Algérie 1830 - 1962.. Amicale des anciens élèves des écoles d'agriculture d'Algérie et
Les Cahiers du Centenaire de l'Algérie Vol III)
Il n’existait en 1830, dans la régence d’Alger, que de petites parcelles de vigne, dispersées sur le territoire, dont la surface totale pouvait être estimée à 2.000 hectares environ selon M.H Fontanille, docteur en droit, secrétaire de la Confédération Générale des Vignerons Algériens. eN 1870, il n'y avait encore que 10 à 12 ha de vigne.
En 1875, le vignoble français donnait la plus belle récolte soit 83.836.391 hectolitres, avec le drame du phylloxérique la récolte tomba à 26 millions d'hectolitre. L’Algérie fut fortement sollicitée par les pouvoirs publics pour fournir à la métropole le vin qui était nécessaire à sa consommation. Le Baron Thénard, membre de l’Institut, donnait cet avis au général Chanzy, gouverneur général de l’Algérie : « Avec le phylloxéra en France, si l’Algérie à la volonté et la prudence de l’éviter, c’est l’Algérie qui bientôt appelant à son aide un certain nombre de vignerons, remplira les cuves de France ».
Lors de la session du Conseil Supérieur de 1877, le général Chanzy déclarait « qu’on devait attirer en Algérie par l’appât de cette culture, à laquelle elles sont habituées, une partie des populations qui, en France, ont été cruellement atteintes par le phylloxéra ».
Entre 1850 et 1885 l’Algérie connaît alors un développement fulgurant de son vignoble. Répondant à l’appel de la mère-patrie, aidés par la Banque de l’Algérie, nombreux furent les vignerons du Languedoc qui vinrent en Algérie pour y créer des vignobles de remplacement. En 1889, la superficie du vignoble était de 91.000 ha. Entre 1916 et 1923 elle variait entre 170.000 et 180.000 ha.
La production annuelle variait entre 6 millions et 10 millions d'hectolitres.
La première grande cave coopérative d'Algérie, vit le jour dès 1904 dans un petit village cherchellois, à Fontaine du Génie.
Après l’apparition du phylloxéra, la reconstitution permet au vignoble de couvrir 150.000 hectares en 1914. En 1918 le vignoble s’étend sur 171.723 hectares. En 1936 le vignoble s’étendait sur 399.447 hectares, c’était sa plus grande surface. La superficie moyenne de l’exploitation viticole en Algérie était alors de 12,65 hectares.
L'Algérie exporte en France (en 1930) la plus grande partie de sa production, soit environ 5 millions d'hectolitres. La production française est de 45 millions. Les vins algériens sont pour la plupart chargés en alcool, ce sont des vins de coupage. Ils font concurrence aux vins espagnols que le marchand de vin français a toujours importés.
Sous l’effet des dispositions législatives ci-après, cette surface moyenne n’était plus en 1958 que de 11,95 hectares et 10,95 hectares en 1959.
Mesures législatives pour réduire cette croissance et amorcer une réduction de la surface du vignoble, suite à l’inquiétude de la viticulture métropolitaine. - - La loi du 4 juillet 1931 marque l’arrêt des plantations mais laisse encore la liberté de planter 10 hectares.
- - La loi du 8 juillet 1933 réduit à 3 hectares les possibilités de plantation laissées aux viticulteurs.
- - La loi du 24 décembre 1934 suspend toute plantation nouvelle, exception faite cependant de celles qui doivent :
- - assurer la consommation personnelle du récoltant.
- - Permettre la plantation de vigne par tout agriculteur qui n’en possède pas.
- - Prévoir le renouvellement du vignoble sur une surface préalablement arrachée et conformément aux dispositions de l’amendement Brière.
- Le décret du 25 juillet 1935 institue l’arrachage volontaire avec incitation sous forme de primes à l’arrachage ou d’exonération des charges de blocage ou de distillation.
- La loi du 20 août 1940 impose à toute exploitation viticole d’au moins 5 hectares une réduction de 10% de la surface, à consacrer à des cultures vivrières.
-
Alger - La halle aux vins. Oran - En attente d'embarquement.
Source "Ces Maudits Colons" de Claire Janon. "Qu'il s'agisse du vignoble ou de la vinification, nous sommes en retard d'un quart de siècle, ici, dans le Languedoc, région viticole la plus avancée de France, sur ce qui a été fait en Algérie"
Tel est le jugement d'un professeur de Viticulture de Montpellier, originaire pourtant de l'Hérault.
Mr Aldebert, successeur d'Ernest Vivet à la chaire de Viticulture de l"école Nationale d'Agriculture d'Alger: " les vignerons d'Algérie ont simplement mis en pratique plus rapidement que ceux de la Métropole les techniques nouvelles...Mais ils ont mieux tiré parti de leurs connaissances,mieux adapté aux climats et aux sols les procédés de culture, les porte-greffes, les cépages... Un exemple me vient à l'esprit: celui des porte-greffes.
Les plantations dans les terres très calcaires posaient des problèmes difficiles. L'emploi des hybrides "Berlaniéri", révélé aux vignerons d'Algérie, s'est plus rapidement qu'ailleurs généralisé après une large expérimentation. De nombreux croisements ont été obtenus du "Berlandiéri" avec les Vinifera, Riparia, Rupestris, etc...de provenances très diverses. L'ampélographie algérienne des porte-greffes a, dans ce domaine comme en d'autres, servi de "pilote". Viticulteurs de France, de Tunise, du Maroc, du chili, d'argentine, se sont servis de ces travaux et surtout des expériences effectuées avec les Tunisiens sur les hybrides port-greffes siciliens, créés par Paulsen et Ruggieri, au début du siècle. Et l'on peut dire que la documentation concernant ces porte-greffes fut à peu près exclusivement algérienne. Il faut, de plus, citer les créations de Vivet..."
Le vignoble d'Algérie, l'équivalent du quart du vignoble de la Métropole avait fait de ce pays le quatrième pays viticole du monde (2000 hectares en 1830 à 400.000 en 1935). Les vins d'Algérie, grâce à des encépagements adaptés à chaque région méritaient une réputation très enviable et devinrent indispensables, comme vins de force, de coupage et de couleur, au commerce français. Avec le label V.D.Q.S ( Vins de qualité supérieure), plusieurs crus se sont fait connaitre:
- département d'Alger: les "Coteaux de l"Harrach" (cave des Pères Blancs de Maison-Carrée); la "Trappe de Staoueli" (domaine d'Henri Borgeaud); Zammouri (Domaine Vasseur, à Courbet); et les zones d'Aîn-Bessem, du Haut-Dahra (Rabelais et Paul-Robert), de Médéa et de Miliana.
- département d'Oran: Mascara, Tlemcen, Renault (Haut-Dahra).
- département de Constantine: Tsmara (domaine du Comte d'Hespel à Jemmapes); Guebar (domaine Bertagna à Bône).
Le vignoble a surtout eut une importance socialement par le nombre d'ouvriers musulmans employés ainsi que les salaires distribués.
La vigne a employé 60 à 120 personnes à l'hectare (les agrumes: 80 à 190: les cultures maraîchères: 100 à 600; les cultures industrielles 80 à 280).
En 1938, les salaires "viticoles" versés étaient de 800 millions(anciens), dont plus de la moitié aux musulmans.
En 1946, 10 milliards 400 millions de salaires viticoles versés aux musulmans. En 1958 ce chiffre passait à 30 milliards (anciens).
Il arrive que les colons soient accusés d'avoir trop planté de vigne "au détriment des céréales et alors que le Coran interdit aux Musulmans de consommer des boissons fermentées"! Qu'il est facile de répondre !! La valeur des vins exportés permit d'acheter infiniment plus de blé qu'on en aurait pu cultiver sur les 380.000 hectares du vignoble algérien..
Et puis, comme le fit remarquer très justement M.Pierre Rouveroux dans "Aspects et réalités de l'Algerie agricole": Si les 450.000 hectares consacrés à la vigne,aux agrumes et au maraîchage primaire étaientréservés à la culture des céréales, et si les céréales donnaient (ce qui est peu probable) un rendement de 12 quintaux à l'hectare, le supplément de production annuel à escompter ne dépasserait pas 2.700.000 quintaux... Cela priverait de leur gagne-pain près de 250.000 familles et lerevenu brut fourni par ces 450.000 hectares tomberait de 70 milliards à moins de 10 milliards"
L'Oenologie en Afrique du Nord fut créatrice de près de cent inventions utilisées dans le monde.
Livre: Ces Maudits Colons - C Janon. Cultures nouvelles implantées en Algérie durant la colonisation.
Dès 1911, Léon Ducellier pratiquait la sélection généalogique qui commençait seulement à se développer en Europe.
Il dota ainsi l’Algérie du blé « Hebda 3 » qui fut par la suite introduit en France dans les départements du Midi lorsqu’on fit le choix de la culture du blé dur. Léon Ducellier implanta en Afrique du Nord des sélections qui gardent encore de nos jours toute leur valeur parmi le blés durs.
Le « Langlois 1527 » découvert dans le Sersou et lancé dès 1907, les « Tlemcen 277 », « Tlemcen 294 » et le « Bidi 17 » blé dur le plus cultivé en France aujourd’hui et qu’on trouve jusqu’en Beauce. Léon Ducellier fit d’autres sélection avec pour objectifs à la fois la recherche de semence les plus résistantes à la sécheresse et aux maladies cryptogamiques et pouvant répondre à des besoins industriels.
« Léon Ducellier, relativement jeune encore, mourut à la tâche, à peu près inconnu en France, sans autre fortune que la notoriété de bon aloi qu’il s’était acquise parmi quelques hommes de sciences et chez les céréaliculteurs de toute l’Afrique du Nord » (Ces Maudits Colons – C.Janon).
Maison Carré - Institut Agricole - Station Centrale.
Pierre Laumont, ingénieur agronome poursuivit l’œuvre de Léon Ducellier. Une nouvelle phase fut lancée et on organisa de nouvelles recherche et sélections de semences.
Certaines variétés de ces nouvelles recherches, très modernisées des travaux de la Station d’Essai de Maison Carré, sont bien connues dans le Midi de la France, comme le blé dur « Oued Zenati 368 » très apprécié des semouleries marseillaises.
Laumont, en étudiant l’aegylops triuncialis, espèce végétale de la famille des graminés et en croisant cette graminée avec le Triticum durum (blé dur), il obtint des blés tendres.
« Comme pour les blés durs des travaux de sélection furent entrepris pour les blés tendres. Mais tandis que le blé dur était très répandu, la culture du blé tendre était inconnue en Afrique du Nord avant l’arrivée des français. Ce sont les colons qui en apportèrent avec eux les semences. » (Ces Maudits Colons – C.Janon)
Pendant la période 1911 – 1914 la culture couvrait 329.391ha. En 1921, les deux espèces de blé (dur et tendre) s’étendaient sur 1.140.000ha.
Un blé qui fut une belle réussite fut l’hybride « Florence-Aurore » ou blé Maurice Cailloux.
« Il n’est pas d’exemple d’une réussite technique et économique aussi totale, due à la collaboration et surtout à l’esprit d’entreprise des grands agriculteurs français », a pu ainsi écrire M. Jean Poncet dans « La colonisation et l’agriculture européennes en Tunisie en 1881 ».
Ce blé sélectionné par M. Bœuf en 1922, par son rendement et sa résistance décida Maurice Cailloux, agriculteur à Souk el Khémis, à le multiplier. C’est ainsi qu’en dix ans de 1930 à 1940, la surface cultivée avec cette seule variété passa de 5.000 à 80.000ha. Cet hybride propagé sur une grande échelle grâce à l’activité d’un agriculteur d’avant garde, permit d’obtenir des rendements qu’on n’avait jamais atteints en Afrique du Nord : de 20 quintaux à l’hectare et parfois plus, à Souk el Khémis de 1937 à 1947, le rendement moyen du blé tendre Maurice Cailloux atteignit 23,7 à l’hectare.
Grâce à Pierre Laumont l’Algérie tira plusieurs lignées nouvelles ; les « Florence-Aurore 8199, 8191 et 8193. D’autres hybrides furent obtenus par Pierre Laumont, des blés durs (série « Zenati ») ou des blés tendres (séries « Pusa » et « Florence ») dont l’un, le « Pusa X Montana » très répandu fut un succès chez Pierre Robert à Aïn-Sultan près de Miliana.
L’amélioration des céréales du Maghreb ne s’est pas arrêtée aux blés. La colonisation avait introduit le blé tendre, elle introduisit aussi l’avoine. La variété d’avoine la plus employée fut l’avoine rouge d’Afrique, Ces lignées « algériennes » sélectionnées par Ducellier, grâce à ses avantages leur permettaient d’arriver sur les marchès de la Métropole deux mois avant les avoines françaises.
Il en était de même avec l’orge, cette céréale résistante à la sécheresse, convient le mieux sur les Hauts Plateaux, comme la variété « Orge de Tripoli » de Ducellier. Les principales villes d’Afrique du Nord avaient des brasseries qui n’utilisaient que l’orge du pays, des variétés d’orge à deux rangs.
Grâce aux Laboratoires de génétiques de l’Institut Agricole d’Algérie, on adapta aux conditions régionales de nouveaux maïs hybrides. En 1955, ce maîs s’étendait sur 2.500ha.
Notons que les rizières algériennes (à Perrégaux et à Inkerman en Oranie, à l’embouchure du Mazafran, près de Koléa dans l’Algérois…) avaient permis de livrer au commerce 80.000 quintaux de riz « Paddy » à la fin de 1960. En deux ans, le rendement était passé de 30 à 80 quintaux l’hectare en Oranie.
Pendant la guerre Laumont développa la production des lentilles dans le Sersou et dans le Tell nord Constantinois, à la demande des services du ravitaillement.
Etudes de P.Laumont
En octobre 1944 fut créé le Service de l’Expérimentation Agricole dirigé par la haute de l’Inspecteur général Marcel Barbut et animé par Pierre Laumont. Cette organisation installée dans un vaste ensemble de bâtiments largement conçus et construit sous la direction de Laumont, fut très probablement le plus moderne des établissements de ce genre d’Europe et d’Afrique.
Maison Carré - Institut Agricole - Service de l'Expérimentation.
« En ce domaine, comme en bien d’autres, ceux qui craignaient que l’Algérie de la colonisation française deviendrait « l’Algérie de papa » doivent hélas !! ..constater que par un mouvement de régression dramatique et prévisible elle est en train de redevenir « l’Algérie de l’arrière-grand papa »..
Léon Ducellier étudia la génétique et la sélection du pois-chiche. Les fèves, féveroles, lentilles furent exploitées dans le Sersou. On améliora la fécondité des terres par un apport d’azote naturel et dans certains cas par une source d’humus : des végétaux enfouis dans le sol. Léon Ducellier s’intéressa également aux plantes fourragères comme la vesce, le fenugrec, la luzerne pour un développement ultérieur d’un élevage rationnel .
La culture du géranium rosat fut introduite en Algérie vers 1858 par deux hommes, le pharmacien et chimiste Simounet et Mercurin de Cheragas.
En 1857 à Boufarik, un grand établissement fut fondé par M. Antoine Chiris célèbre producteur et négociant de parfums naturels de Grasse. En 1878 à l’Exposition Universelle de Paris les essences de Boufarik, de Blida et de Rovigo furent les plus remarqués. En 1955, les 1.000ha de géranium rosat procuraient un revenu de 200 millions.
L’introduction et l’adaptation du soja fut étudié par M. Blanchard collaborateur de M. Laumont à l’Institut Agricole d’Algérie.
Les trois principales cultures industrielles d’Afrique du Nord se répartissaient ainsi en 1955 : - Tabac – 55.000 ha (revenu 3 milliards).
- Coton – 10.000 ha (revenu 650 millions)
- Betterave – 3.500 ha (revenu 150 millions)
En 1849, Auguste Hardy au Jardin d’Essai avait étudié 40 variétés de tabac. En 1896, 7 variétés étaient à l’essai à la Station de Rouïba.
Alger - Le Jardin d'Essai Alger - Cour du Jardin d'Essai.
******* Le Crédit. (source: L'Algérie. Augustin Bernard 1931)
" Un des premiers effets de l'organisation du crédit agricole mutuel en Algérie a été d'y faire apparaitre la coopération
agricole de production. C'est grâce au concours des Caisses régionales de crédit que les coopératives agricoles ont pu prendre leur développement,
la plupart ont été fondées depuis 1920, il n'en existait que 28 en 1915, il y en avait 247 en 1931.
Elles affectent les formes les plus variées, on comptait 106 caves coopératives en 1931, représentant un logement total de
plus de 1.400.000 hectolitres et groupant plus de 2.400 adhérents, 20 docks à céréales réunissant 1.500 sociétaires et pouvant
contenir un million de quintaux, 3 docks à tabacs ou tabacoop, groupant plus de 6.000 planteurs français et indigènes avec une
capacité de 180.000 quintaux, 97 sociétés de matériel agricole, 4 huileries coopératives, 4 coopératives cotonnières, 7 viticoops
pour la distillation des sous-produits de la vigne, 1 tomacoop, 1 géraniumcoop, 5ovicoops ou coopératives moutonnières,
3 coopératives de labourage électrique, 14 sociétés d'électrification rurale.
Les coopératives prennent de jour en jour une part plus grande dans la vie agricole de la colonie. Elles tendent à améliorer
la situation du petit propriétaire en mettant à sa disposition un matériel plus perfectionné, organisent et gèrent les services
d'intérêt collectif de leurs adhérents. Le développement de la mutualité agricole dans les domaines les plus divers est un
évènement de grande portée pour l'agriculture algérienne. Presque toutes les caisses locales de crédit agricole comptent des membres indigènes et il existe aussi des caisses locales spéciales gérées par un conseil d'administration indigène.
Seul, le crédit agricole permettra aux populations indigènes de juguler l'usure et d'obtenir un rythme de progrès plus accentué."
Le Régime Foncier. (source: L'Algérie Augustin Bernard)
"Une loi de 1926 a rendu la procèdure d'enquête partielle plus rapide et moins coûteuse et remis en vigueur les procèdures d'ensemble destinées à assurer la constitution de la propriété dans tous les douars où la colonisation a largement pénétré; même dans ce cas, le gouverneur général reste juge de l'opportunité de la mesure; la transformation de la terre collective en propriété individuelle est d'ailleurs maintenant réclamée par les indigènes eux-mêmes.
En 1931, la délimitation des tribus et des douars est à peu près achevée dans toute l'Algérie du Nord; il ne reste à délimiter
que quelques tribus de la région des steppes. On a reconnu 705 tribus, dont le territoire a été réparti en 1.192 douars.
Sur 20.812.000 hectares, superficie de l'Algérie du Nord, 13.773.000 hectares sont soumis au statut réel français; 7.039.000 hectares la plupart en dehors du Tell, restent soumis au statut musulman. Ce qui rend le problème foncier si complexe, c'est qu'on a dû se préocupper à la fois de trouver des terres pour la colonisation
et de ne pas porter atteinte trop brusquement aux droits de propriété ou de jouissance des indigènes. Dans certaines parties
du département d'Oran, où la population indigène est peu dense et peu travailleuse, une forte proportion des terres passe aux mains des Européens; dans une partie du département d'Alger et surtout dans le département de Constantine, où les indigènes sont plus nombreux et la colonisation moins fortement implantée, c'est le contraire qui se produit.
De 1900 à 1908, les Européens ont vendu aux indigènes 197.000 hectares et leur en ont acheté 648.000;
de 1908 à 1917, les Européens ont vendu 100.000 hectares et en ont acquis 428.000; au total, 800.000 hectares ont passé
aux mains des Européens en trente sept ans, ce qui ne paraît pas excessif.
Pendant la guerre, notamment en 1918 et en 1919, il y a eu un recul de la colonisation européenne, surtout dans
le département de Constantine, et les Européens ont vendu aux indigènes plus de terres qu'ils ne leur en ont acheté.
A partir de 1920, les gains des Européens redeviennent légèrement supérieurs, mais ces gains sont localisés et minimes;
de 1920 à 1930, les Européens ont vendu aux indigènes environ 200.000 hectares et en ont acquis environ 240.000 hectares.
Au total, la propriété privée détenue par les Européens occupe 2.400.000 hectares, la propriété privée détenue par les
indigènes 9.200.000 hectares.
Sur les 2.400.000 hectares qui constituent le territoire de colonisation, 700.000 ont été mis en valeur par la colonisation privée, 1.700.000 par la colonisation officielle; celle-ci a très largement concouru à créer le noyau des 300.000 agricultures européens, des 70.000 propriétaires et des 800 villages de l'Algérie. L'initiative privée a toujours eu sa part, qui sera dans l'avenir de plus en plus prépondérante; la colonisation officielle ouvre deserritoires nouveaux, puis cède la place à l'action des particuliers; elle trace les cadres et la colonisation privée les remplit."
*************************************
Le Dry-Farming Source: L'Algérie de 1830 à 1962. J.Marc Veyron
L'adoption du dry-farming, une pratique élaborée par l'antique civilisation carthaginoise, consistant à cultiver la terree un an sur deux, longtemps oublié mais rajeunie à la fin du XIXème siècle permettait d'obtenir des récoltes rémunératrices malgré le déficit de pluie.
La presse répandit cette prétendue technique américaine, en Algérie les colons amélioreront sensiblement ce procédé.
" Tous les ans, une partie des parcelles était rendue volontairement improductive et inaccessible au bétail. Au printemps étaient réalisés des labours préparatoires. Il s'agissait ensuite de conserver dans le sol non ensemencé un an sur deux l'eau de toute une année. Les pluies des deux années consécutives permettaient de mener à bien une récolte tous les deux ans. Plus tard, on pratiqua après la moisson un labour de déchaumage. Afin de réduire l'évaporation, l'idéal était une préparation minutieuse des sols ni mottes ni herbes, briser les remontées d'eau par capillarité. Un binage vaut deux arrosages. Ainsi la terre conserve une grande part d'humidité à 20-25 cm de la surface du sol.
Les rendements à l'hectare sont le double de ceux de la culture traditionnelle (huit à douze quintaux à l'hectare selon les années). Au lieu de trois à six quintaux, exemple dans la région de Sétif."
Le Sersou allait devenir en quelques années une région de forte production de blé.
L'extension de l'aire de culture des céréales représentait plus de cinq millions d'hectares. La production moyenne annuelle de grains en Algérie s'accroit entre 1880 et 1895 de huit millions de quintaux pour atteindre vingt millions de quintaux. L'accroissement par la colonisation des superficies cultivables entre 1830 et 1915 fût de six millions d'hectares par le seul défrichement des terres précédement improductives: marécages, maquis, et non arrachées à des fellahs, par spoliation ou manu militari, comme il est fréquent de voir présenter ces actions par des personnes peu ou fait de la réalité de terrain, dénigrant systématiquement l'action d'amélioration apportée au pays.
Les travaux d'assainissement des terres, entraina la création de 380.000 ha de vignobles et 40.000ha d'orangeraies et autre plantations substituées à des marais, zones auparavant inhabitables en raison de la malaria. "
*********************************